Avez-vous des craintes à consulter une orthophoniste pour votre enfant de 2 ans ?
Voilà une phrase qui raisonne incessamment à mes oreilles, suite à un téléphone avec une ancienne cliente...
Une cliente convaincue des bienfaits de la stimulation précoce. Convaincue, car nous avons grandement aidé son fils, âgé de deux ans au début du suivi et présentant alors un retard sévère de langage. Elle me donne régulièrement des nouvelles de celui-ci. Il est maintenant âgé de 3 ans et demi et parle tout à fait normalement. Elle m’a fait part de cette réflexion car il lui arrive parfois d’encourager un parent de son entourage à consulter rapidement en orthophonie, mais celui-ci lui fait alors part de ses peurs, ou ses espoirs…
La peur… Il est vrai que cette émotion nous paralyse souvent.
Comme parent, on entend toutes sortes d’informations qui peuvent faire peur en lien avec le langage : peur que notre enfant n’ait pas un développement « normal », peur qu’il soit dysphasique ou autiste, peur qu’il ne puisse jamais apprendre à parler comme les autres…
Et dans ces cas, souvent, pour nous rassurer ou pour nous protéger, on espère… On espère que les différences de développement de notre enfant se résorbent toutes seules… Que le langage « débourrera » ou prendra « le bon bord », sans avoir à consulter… On espère que notre enfant fera comme un de nos vieux oncles qui n’a pas parlé avant 3 ans et qui parle comme tout le monde aujourd’hui… Un espoir tout à fait normal, et même nécessaire, avant de passer à l’action.
Face à ces deux grandes émotions, je comprends et ressens un important besoin de rassurer ces parents. Les rassurer qu’il n’y a pas que la dysphasie ou l’autisme (ou TSA) qui expliquent les retards de langage. Ces deux troubles sont des exemples extrêmes, quoique bien réels, des difficultés de langage vécues chez certains enfants. Mais ce ne sont pas les seuls. Ils ne représentent que 2 à 9% de la population des enfants canadiens.(1)
Cela veut donc dire que pour les autres enfants, on retrouve (très sommairement, et malheureusement, sans pouvoir fournir des pourcentages respectifs car non disponibles dans les recherches):
de simples retards (dits légers) qui se résorberont seuls,
d’autres retards plus importants (modérés) qui nécessiteront une aide pour pouvoir évoluer, s’améliorer et revenir dans la normale,
d’autres problèmes particuliers (retards sévères ou troubles) qui nécessitent des traitements à plus long terme, et souvent, des services spécialisés de réadaptation.
Est-ce que je devrais consulter un orthophoniste ?
Alors, lorsqu’un enfant présente un retard de langage, les probabilités que le problème soit sévère sont tout de même assez faibles. Et surtout, retenez que lorsque les parents agissent rapidement, ils peuvent même changer le cours des choses : c’est justement ce qui s’est passé avec la cliente dont je vous entretenais au début de cet article!
Alors, petit conseil: ne restez surtout pas paralysé! Agissez le plus tôt possible: vous ne le regretterez pas!
(1) sources: prévalence des troubles du spectre de l’autisme (site web de la revue C.N.R.I.S.) et prévalence de la dysphasie (site web de l’Association Dysphasie Québec).